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Votre chien peut-il souffrir d'ennui?

Les études concernant l’ennui chez les animaux sauvages captifs et domestiques, incluant les chiens, font leur début en science. Chez l’humain, l’ennui est décrit comme étant une émotion désagréable comprenant des niveaux de stimulation ou d’excitation sous-optimaux et un manque de motivation à expérimenter presque n’importe quoi de différent ou de plus excitant que les comportements et sensations actuellement possibles de vivre (1). Il survient lorsque nous percevons que nous n’avons « rien à faire » ou que nous sommes « fatigués de faire la même chose » toujours et encore (2), bref « le temps est long...» (3). La Dre Charlotte C. Burn (4) a récemment avancé que les animaux sauvages et domestiques sont particulièrement à risque de l’ennui puisque captif, c’est-à-dire laissé seul dans un environnement où la vie leur est monotone (ex. : un chien laissé seul de longues heures à la maison, 5 jours sur 7 et parfois bien plus). Ce qui est très plausible, puisqu’en général nos compagnons canins recherchent la stimulation afin d’éviter la monotonie.


Comment savoir si mon animal souffre d’ennui?

L’ennui s’accompagne paradoxalement de signes de somnolence croissante, entrecoupés de périodes d’agitation, de comportements d’évitement et de recherche de sensations. Par exemple, un chien laissé seul à la maison pour plusieurs heures tous les jours, ira gruger le coin du sofa jusqu’à en extraire la mousse, ensuite il pleurera/hurlera/jappera, bâillera, se couchera au sol tout en demeurant éveillé un bon moment pour ensuite se relever et ainsi de suite. Ces comportements vous évoquent quelque chose ? En effet, cela ressemble beaucoup à un humain ennuyé. Vous êtes en vacances à la maison et il pleut tous les jours. L’ennui peut vite s’installer si vous décidez de rester à la maison: vous grignoterez davantage, vous vous installerez sur le divan de longues heures fixes, vous bâillerez, vous retournerez vers le frigidaire et vous vous direz qu’il n’y a rien à manger, rien à faire, etc. Si votre chien a un sommeil perturbé et a des comportements étranges ou même anormaux - courir après sa queue, détruire vos souliers, etc. - de façon régulière, cela peut également être le signe qu’il s’ennuie.


Une étude effectuée auprès de prisonniers a montré que l’ennui chronique, inévitable, est extrêmement pénible et un tourment majeur pour ceux-ci (5,6), suggérant que la monotonie, la prévisibilité et le confinement sont les déclencheurs clefs de l’ennui (7). Ces trois facteurs décrivent la vie captive que certains animaux de compagnie vivent dans nos maisons au Québec. Si le chien est maintenu dans un environnement sous-stimulant de façon prolongée, cela pourrait même causer des dommages au niveau de leur système nerveux central et de leur cerveau ainsi que l’apparition de comportements apathiques (c.-à-d., incapacité d’être ému ou de réagir normalement à la stimulation, par état dépressif)(8).



Quoi faire pour éviter que mon chien souffre d’ennui?

Le Centre Éducatif Le Chien Futé vous offre aujourd’hui les solutions suivantes afin de contrer l’ennui chez votre compagnon canin :


1. Utilisez des jouets interactifs permettant la stimulation mentale. Plusieurs compagnies de jouets pour chien offrent une grande variété de stimulation : Aïkou, Nina Ottoson, Kong, Trixie, PetSafe, etc. Il s’agit souvent de jouets pour lesquels le chien doit faire pivoter/déplacer des parties du jeu ou le jouet entier pour retirer la nourriture qui s’y trouve. Imaginez un chien qui doit « travailler » ses méninges pour obtenir sa nourriture, n’est-ce pas intéressant?


Pour en savoir davantage sur la stimulation mentale, ses bienfaits et des idées, allez lire notre article à ce sujet!



2. Changez régulièrement la nourriture de votre chien ou du moins, ajouter une variation. J’entends déjà les vétérinaires vous dire que c’est une « mauvaise » idée et discréditer mon avis. Toutefois, imaginez-vous manger la même nourriture, tous les jours, à tous les repas. Est-ce que cela ne vous ennuierait pas? Certains chiens ont l’estomac trop fragile pour se permettre d’avoir une croquette au bœuf pour déjeuner et une croquette au saumon, différente de la première, pour souper. Il vous est toutefois possible d’habituer votre chien à ce changement en utilisant par exemple la même marque, en faisant attention au fait que la croquette possède des grains ou pas, au nombre de protéines, au nombre de végétaux (le moins, le mieux c’est!), etc. L’alimentation au cru rend cette tâche beaucoup plus simple (à noter qu’il est important de s’informer sur la façon de faire, afin d’éviter une contamination bactérienne). Il vous serait également possible d’utiliser vos restants de table, s’ils ne contiennent rien pouvant intoxiquer votre chien.


3. Ajoutez quelque chose de nouveau, accessible pour votre chien, le plus souvent possible dans son environnement. Par exemple, vous pourriez faire jouer de la musique classique une journée, de la musique jazz la suivante et une trame sonore d’animaux de la jungle ou autre la suivante. Vous pourriez également faire une rotation des jouets de votre chien et en sortir un nouveau toutes les semaines. Vous pourriez ajouter des odeurs naturelles de lavande, de camomille, de citron ou autre sur ses jouets en tissu ou sur son coussin tous les 3 jours. Vous pourriez également éparpiller des éléments de votre recyclage (ex. : boîte de carton vide) au sol en y ajoutant une récompense et laisser votre chien s’y attarder lors de vos départs. Ce sont tous des exemples simples et faciles permettant d’enrichir l’environnement de votre chien.


4. Variez vos activités. À votre retour à la maison, vous allez toujours faire une promenade avec votre compagnon en empruntant la même trajectoire. Offrez-lui un peu de variété : allez courir, allez faire du patin à roues alignées, allez faire une promenade, mais en empruntant une nouvelle trajectoire, allez vous inscrire à un cours – agilité, freestyle, obéissance -, allez au parc à chien, etc.


5. Permettez à votre chien d’obtenir de la compagnie, une promenade, de la stimulation mentale ou l’ensemble des trois avec l’aide d’un voisin, d’un proche, d’un ami ou d’une entreprise offrant ce service tel que le Centre Éducatif Le Chien Futé. Chez nous, nous offrons l’opportunité à votre chien d’obtenir une promenade éducative, en groupe ou individuelle, ainsi qu’un service d’entraînement à domicile, le tout incluant une séance de stimulation mentale. D’autres entreprises offrent un service de type garderie de jour, où votre chien pourra socialiser une bonne partie de la journée avec des compagnons canins.



Nous espérons que cet article vous aura convaincu que de laisser un simple bol de nourriture ou d’eau à votre chien, alors que vous quittez la maison pour 8 à 10 heures durant, 5 jours par semaine, n’est pas « suffisant » pour que votre chien soit à l’abri de l’ennui. Plusieurs solutions s’offrent à vous, c’est un effort qui en vaut la peine.

Véronique Chantal, M.Sc.

Centre Éducatif Le Chien Futé

  1. Burn, C. C. (2017) Bestial boredom: a biological perspective on animal boredom and suggestions for its scientific investigation. Animal Behaviour 130: 141-151 https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2017.06.006

  2. Larson, R. W., & Richards, M. H. (1991). Boredom in the middle school years: Blaming schools versus blaming students. American Journal of Education, 99, 418e443.

  3. Wahidin, A. (2006). Time and the prison experience. Sociological Research Online, 11. http://www.socresonline.org.uk/11/11/wahidin.html.

  4. Burn, C. C. (2017) Bestial boredom: a biological perspective on animal boredom and suggestions for its scientific investigation. Animal Behaviour 130: 141-151 https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2017.06.006

  5. Martin, M., Sadlo, G., & Stew, G. (2006). The phenomenon of boredom. Qualitative Research in Psychology, 3, 193e211.

  6. Wahidin, A. (2006). Time and the prison experience. Sociological Research Online, 11. http://www.socresonline.org.uk/11/11/wahidin.html.

  7. Toohey, P. (2011). Boredom: A lively history. London, U.K.: Yale University Press

  8. Meagher, R. K., & Mason, G. J. (2012). Environmental enrichment reduces signs of boredom in caged mink. PLoS One, 7, e49180.

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