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Pourquoi prendre en considération les capacités olfactives de notre chien dans son éducation ?


Contrairement à l’humain, qui dépend principalement du sens de la vision, l'expérience sensorielle d'un chien est guidée en grande partie par son nez. En fait, le sens de l’odorat du chien est beaucoup plus sensible que celui de l’humain dû à des différences anatomiques, physiologiques et génétiques qui leur permettent de mieux collecter, échantillonner et traiter les informations de son environnement (1). Leur capacité à détecter une odeur est 10 000 à 100 000 fois plus élevée que celle de l’humain moyen (2). Ce n’est donc pas sans raison que les hommes utilisent encore aujourd’hui le chien dans la détection et le sauvetage de personnes ainsi que dans la recherche de cadavres, d’explosifs, d’armes à feu et même de tumeurs chez des patients.


(Photo : @gobmx/Twitter)


Faits scientifiques sur l’odorat du chien :

(Qui n'aime pas les fameux "funfacts" !)

1) Leur grande cavité nasale est composée de deux chambres, ce qui leur permet d’avoir un modèle de flux d’air unique lors du reniflement et d’obtenir ainsi une meilleure localisation des odeurs. Expirer et sentir des odeurs à la fois n’est pas possible chez les humains, mais chez les chiens, oui !


2) Contrairement aux autres sens, les particules odorantes passent directement des cavités nasales au centre de perception dans le cerveau (le cortex olfactif), qui inclut le centre des émotions, de la mémoire et du plaisir (2). Ces centres sont interconnectés de sorte qu’une odeur détectée par le chien lui apporte tout un ensemble de significations, de souvenirs et de liens affectifs.



3) Leur nez possède des récepteurs qui répondent principalement aux phéromones qui ont pour fonction la détermination du statut reproducteur et des comportements sexuels. Le chien peut également connaître le sexe, l’âge approximatif et l’état de santé d’un autre individu lorsqu’il le renifle.




Pourquoi devrions-nous tenir compte de l’odorat du chien dans le cadre de son éducation?


Les odeurs que le chien détecte et analyse peuvent être liées à des souvenirs passés, voire à des émotions positives ou négatives. Les chiens font parfois l’expérience de ce que l’on appelle communément de mauvaises associations. Un évènement traumatisant peut rapidement être associé à une odeur ambiante. De ce fait, dès que le chien sent à nouveau cette odeur, il s’en souvient et réagit en conséquence. Prenons l’exemple d’un propriétaire dont le chien réagit toujours à son gendre qui lui rend visite à l’occasion. Il réagit également à d’autres personnes. Toutefois, il ne semble pas y avoir de lien entre le physique, l’âge, les accessoires que porte ces personnes. Celles-ci pourraient toutefois porter le même parfum ou émaner des hormones et phéromones similaires. Le chien pourrait également sentir l’état émotionnel de ces personnes, soit le stress et la peur. La puissance de son odorat est dans ce cas le « coupable » de ses réactions qui vous semblaient extravagantes. Vaut mieux dans ce cas travailler sur son émotion que de laisser couler.


Les capacités olfactives d’un chiot versus d’un chien adulte et d’une race à l’autre

sont également à prendre en compte. Le nombre et la densité des cellules réceptrices olfactives augmentent au cours du développement du chien. Un chiot a donc des capacités olfactives moindres comparées à celles d’un chien adulte. Lancez une récompense au sol ou dans le gazon près de votre chiot et vous verrez bien qu’il prendra un temps interminable pour la retrouver ou qu’il suivra simplement votre main plutôt que la gâterie au sol.


Également, le chien de race Saint-Hubert trouvera probablement beaucoup plus rapidement cette récompense qu’un chien de type Bulldog. Le museau plat d’un chien laisse moins de place pour les cellules réceptrices qu’un museau allongé. La façon d’entraîner un chien doit donc être adaptée à chacun.


Pour finir, les odeurs peuvent être une forte distraction pour les chiens. Ce pourquoi il est souvent conseillé de débuter l’entraînement de fido à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur de la maison par exemple. Il est à noter que la perception et l’analyse d’une odeur par le chien sont susceptibles d’interférer dans la transmission immédiate d’autres signaux. De ce fait, si vous appelez votre chien alors qu’environ un tiers de son cerveau est occupé à analyser une odeur, il se pourrait bien que votre rappel ne représente qu’un bruit de fond lointain pour lui. Truc de pro : rapprochez-vous de lui; entraînez votre rappel sur une plus courte distance au départ.

L’apprentissage du rappel et de la marche au pied par exemple, peuvent aussi être moins efficaces et rapides si votre chien a tendance à faire du marquage urinaire et sentir les pistes d’autres chiens présentes dans l’environnement. « Le marquage urinaire est unique puisqu’il peut être revisité à travers le temps et comparé à l’urine d’autres chiens ou du même chien avec le temps. » (3). Ces odeurs attirantes demeurent présentent plusieurs semaines et peuvent ainsi facilement distraire votre chien dans son apprentissage.

Photo : https://www.slashfilm.com/663805/krypto-the-superdog-assembles-his-super-team-in-dc-league-of-super-pets-photos/


Considérez l’odorat de votre chien comme un super pouvoir ! Prenez-le en compte et utilisez-le en votre faveur dans l'entraînement de votre chien. Le fait de l’entraîner avec des récompenses super attirantes pour son museau à l’extérieur, pourrait attirer son attention sur vous plutôt qu’envers les odeurs environnantes. N’oubliez pas que les odeurs que votre chien captent et enregistrent sont liées à leurs émotions. Plus il apprécie l'odeur et aime ce que vous lui offrez, plus il associe que cette odeur ne lui apporte que du positif. Il sera prêt à tout pour l’obtenir !


Bon entraînement :),











Véronique Chantal

M.Sc. comportement animal




Références :

1. Bamford K.A., (2015). Canine olfaction : an overview of the anatomy, physiology and genetics, k9 Officer, Massasauga Search & Rescue team, 1-10.. Répéré à :

https://pdfs.semanticscholar.org/5a43/b175f925c5637258484008ef4c5c82525d46.pdf?_ga=2.162895868.1512261323.1569611437-1078211324.1569611437


2. Jenkins, E.K., DeChant, M.T., & Perry E.B., (2018). When the Nose Doesn’t Know: Canine Olfactory Function Associated With Health, Management, and Potential Links to Microbiota. Front. Vet. Sci., 29, 5-56. https://doi.org/10.3389/fvets.2018.00056


3. Overall, K. L. (2013), Manual of Clinical Behavioral Medicine for dogs ans cats, Canada: Elsevier, p.123-130




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