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Pourquoi les chiens en viennent-ils à mordre et comment prévenir les morsures?

Autre temps autre mœurs, les chiens qui travaillaient autrefois à garder les troupeaux et qui dormaient dans l’étable, sont devenus pour la plupart des animaux de compagnie et vivent maintenant dans nos maisons. Les chiens sont plus présents dans la société d'aujourd'hui - 41% des ménages canadien possèdent un chien de compagnie (8), ce qui en préoccupent plus d’un. Les chiens font maintenant la une des journaux et sont les stars des nouvelles, mais pas particulièrement pour les bonnes raisons : “Un livreur se fait sauvagement attaquer par un pitbull à St-Lazare” (Néomédia, août 2019), “Une fillette agressée par un chien dans un parc à Terrasse-Vaudreuil” (Viva Média, juillet 2019), “Un chien attaqué mortellement à Jonquière” (Le Quotidien, août 2019), “Un husky attaque une femme et son chien” (La Voix de l’est, juillet 2019)… Suite à l’augmentation des morsures effectuées par un chien, ou plutôt des attaques de chien déclarées par les médias, deux questions importantes devraient tous nous venir en tête : Pourquoi les chiens en viennent-ils à mordre? Est-ce que ces situations auraient pu être évitées?


“Un livreur se fait sauvagement attaquer par un pitbull à St-Lazare”

Photo par : Stéphane Brunet / Néomédia


La réponse à la deuxième question est généralement “OUI”! Cela nécessite évidemment un peu de travail de la part du gardien de l’animal - apprentissage du langage canin, meilleur encadrement (port de la laisse), une plus grande vigilance – et ces malheureux incidents pourraient facilement être évités la plupart du temps.


Pour ce qui est de la première question, deux facteurs sont à considérer. Premièrement, il y a les facteurs humains, soient ceux qui englobent tout ce qui a trait à notre connaissance du langage canin et du respect de celui-ci. Deuxièmement, il y a les facteurs environnementaux et génétiques liés aux chiens : la protection de ressources, la peur, le manque de socialisation, l’absence de désensibilisation aux manipulations, l’agression redirigée, la prédation, le seuil de tolérance, etc.




Les facteurs humains :

Les chiens ont un langage bien à eux qui leur permet de communiquer avec ceux qui les entourent. Le langage canin pourrait se définir comme l'ensemble des signaux visuels et vocals et des mimiques, parfois subtiles, qu'utilisent les chiens pour exprimer leurs émotions et leurs besoins. On peut déchiffrer et comprendre le langage canin en observant les positions et les mouvements des différentes parties de leur corps dans leur ensemble selon le contexte d’une situation. Les signaux d’apaisements, d’inconfort, de stress et de peur servent au chien à démontrer un malaise, à éviter les conflits ou les situations tendues, s’apaiser soi-même, et/ou démontrer ses intentions pacifiques. Tel que l’énonce si bien Joël Dehasse: “La communication entre chiens et humains joue un rôle fondamental dans l'harmonie ou la dysharmonie de leur système social commun”. “L’homme interprète (de façon innée et culturelle) les signaux émis par l’animal… “, mais pas toujours de la bonne façon (1). De ce fait, si l'humain n'est pas en mesure de bien comprendre et interpréter les signaux émis par un chien lors d'une interaction, cela peut rapidement devenir problématique.


Il est non seulement important de connaitre les signaux émis par les chiens, mais il est tout autant indispensable de les respecter, surtout s’il s’agit de chiens que nous ne côtoyons pas tous les jours. Ces derniers sont bien moins tolérants avec des étrangers qu’avec leur maître si vous ne respectez pas leurs messages. Toutefois, on doit noter qu’il est plus fréquent qu’un chien morde l’un des membres de la famille et en particulier les enfants (10). Ceci est dû au fait que les gens ont moins peur de leur chien que d’un chien inconnu et de ce fait ne sont pas aussi vigilant à son égard.


Par exemple, vous prenez votre fidèle compagnon dans vos bras pour le câliner et celui-ci vous regarde avec de grands yeux de baleine, bâille ou se lèche la truffe à répétition, détourne incessamment la tête, tente de vous repousser avec ses pattes, émet de petits grognements sourds… Ce sont là tous des signaux d’apaisement ou d’inconfort. Persister à le prendre malgré tous ces avertissements, mènera Fido à augmenter l’intensité de ses signaux afin que vous les respectiez. Pour ce faire, le chien peut grogner plus fort, japper, claquer des dents, puis vous mordre. Il arrive également que le chien se rende automatiquement à mordre. Et oui, ses signaux d’avertissement n’ayant pas été assez souvent respectés, celui-ci pourrait maintenant les trouver inutiles et passer directement au comportement qui fonctionne et qui fait cesser ce qui le rend inconfortable. Afin de prévenir ce genre de situation, nous vous conseillons plutôt de respecter les signaux de votre chien et de désensibiliser les manipulations qui le rend inconfortable ainsi que de les associer à quelque chose de positif pour lui.


Enfin, punir un chien qui communique (grognement, exhibition des crocs, claquement des dents…) pousse le chien à inhiber ses signaux, c’est-à-dire qu’il cessera d’émettre des signaux d’avertissements. Le chien pourra tolérer des situations qui lui amène du stress jusqu’à ce qu’il atteigne finalement son seuil de tolérance, et passera ensuite à la morsure. Il est donc important de ne pas punir automatiquement un chien qui s’exprime. Demandez-vous plutôt pourquoi votre chien réagit ainsi. Qu’est-ce qui le met dans cet état? Une fois que vous aurez trouvé la réponse, vous serez plus apte à gérer la situation.



Les facteurs canins :


Plusieurs facteurs environnementaux et génétiques liés aux chiens peuvent les mener à mordre. Voici notre explication détaillée des facteurs les plus fréquents :



1. La protection de ressource (2;3)


Il est important de comprendre que dans la nature, les comportements agressifs visant à protéger ses ressources (tanières, nids, nourritures, partenaires sexuels, progénitures, etc…) sont essentiels et indispensables à toute forme de vie afin d’assurer la survie de l’espèce. En réalité, c’est un comportement naturel et normal qui est génétiquement programmé. Cependant, il arrive que ce comportement ne soit pas programmé chez certains individus. C’est pourquoi nous retrouvons des chiens domestiques qui protègent certaines ressources alors que d’autres ne le font pas.


La protection de ressources se réfère au comportement manifesté par un animal (agression, évitement, ingestion) afin de contrôler l’accès à un élément de « grande valeur » à ses yeux. Un chien peut protéger ses ressources des autres chiens, animaux ou humains. Un chien peut faire de la protection de ressources sur à peu près n’importe quoi : nourriture, humain, bol d’eau, jouet, lieu, branche de bois, couverture, un autre chien, etc.


Pour être en mesure d’éviter une morsure potentielle il est impératif de savoir reconnaître les signaux et comportements possiblement émis par un chien protégeant une ressource :


  • Le regard est dirigé vers l’intrus, soit la menace, et est fixe. Dans ce cas, le museau pointe généralement vers la ressource en question et le blanc des yeux du chien est donc visible. Les pupilles sont également dilatées.



  • Les oreilles sont collées sur le crâne et les lèvres supérieures peuvent rétractées afin de montrer les crocs. La posture, c’est-à-dire l’ensemble du corps du chien est figée.


  • Ingestion plus rapide de nourriture ou d’un objet plus lente ou arrêt d’ingestion. Dans ce 3e cas, le chien se fige.


  • Fuir avec la ressource : évidemment plusieurs chiens aiment qu’on les pourchasse pour les attraper. Ils jouent également très souvent entre eux de cette façon. Il faut savoir lire votre chien : Semble-t-il réellement jouer? Exerce-t-il des appels au jeu? Revient-il vers moi avec l’objet en bouche si je lui fais dos? Ou semble-t-il fuir à tout coup?



  • Se positionner au-dessus de la ressource ou sur celle-ci, le chien tente de vous empêcher de la reprendre.


  • Se positionner entre la ressource et la menace, c’est-à-dire vous ou l’autre chien qui s’approche.


  • Le chien se fait intimidant en grognant, en montrant les dents, en jappant et en mordant dans l’air.

  • Agresser, mordre.

À noter que sur le petit vidéo (GIF) démontré ici, nous ne pouvons confirmer si le chien exerce de la protection face à la personne qui est devant lui, s'il a peur de ce nouvel objet - le chou ou s'il exerce de l'agression redirigée.



Les solutions :


La reconnaissance de tous ces comportements est importante et vous permettra de prévenir une morsure. Des études énoncent l’idée que les propriétaires de chiens les plus expérimentés, détenant plus de connaissances sur le langage canin, ou ayant suivi des cours d’obéissance avec un professionnel du domaine canin, sont davantage aptes à reconnaître tous les comportements avant-coureurs exprimés par la protection de ressources ou tout autres types d’agression (6,7). Un maître éduqué sur la diversité et la complexité des comportements canins pourrait donc mieux prévenir l’escalade de comportements engendrés par la protection de ressources et ainsi diminuer les risques de morsures.



Sachez qu’il est préférable de ne pas punir un chien qui fait de la protection de ressources. Ceci pourrait au contraire aggraver le problème. La meilleure approche à avoir est de respecter les signaux émis par le chien, en vous éloignant afin de lui donner de l’espace. Plus il y aura de distance entre vous et lui, plus le chien va diminuer l’intensité de ses signaux jusqu’à finalement pouvoir retrouver son calme.


Sachez aussi que la protection de ressources n’est pas un problème qui disparaît généralement de par lui-même. Il faut le travailler et comprendre qu’aux yeux du chien, vous êtes un voleur, une menace! Pour parer à ce problème, il faut changer l’émotion de votre chien en créant une nouvelle association à l’approche d’un humain lorsqu’en présence de son précieux. L’humain doit devenir synonyme de bonheur et non plus de voleur.[SP1] Apprenez-lui que même si vous l’approchez lors de son repas, ce n’est pas pour lui enlever son bol ou le déranger, mais plutôt pour lui donner une ressource supplémentaire (ex. plus de croquettes, des récompenses, etc.). Vous créez donc une association positive avec la présence et encore mieux, l’approche d’un humain lorsque le chien possède une ressource de valeur à ses yeux.



2. La peur des étrangers (5)


L’agression d’un humain par un chien qui est engendrée par la peur des étrangers est beaucoup plus fréquente que l’on ne peut le penser. Dépendant de la taille du chien et de l’intensité de sa crainte, ces agressions peuvent être très dommageables. « Lorsque ladite distance critique est franchie, le chien attaque avec l’énergie du désespoir. Le chien se bat pour sa survie » (2). En général, les chiens ayant une peur des étrangers souffrent également d’un trouble de l’anxiété - c’est-à-dire qu’ils sont généralement plus craintifs à la base (2). Le chien anxieux peut appréhender à peu près tout: objet, événement, bruit, personne, lieu, etc. Le moindre changement dans son environnement peut le perturber. Toutefois, ce n’est pas parce que votre chien est anxieux, qu’il aura automatiquement peur des inconnus. Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de cette crainte ou agir sur celle-ci : la génétique, l’environnement prénatal du chiot, le comportement de la mère suite à la naissance du chiot, le manque de socialisation, et la formation d’associations négatives ou de traumatismes (5).



  • La génétique joue un rôle majeur chez les chiens ayant peur des étrangers. « En effet, plusieurs études suggèrent l’existence d’une prédisposition génétique individuelle à l’anxiété et/ou à craindre peut être héréditaire » (5, 12). Ce qui veut dire que la reproduction de chiens au tempérament craintif augmente immanquablement les chances d’obtenir des chiots tout aussi craintifs. C’est pourquoi il est toujours conseillé d'interagir avec les parents canins avant d’adopter un chiot.



  • L’environnement prénatal du chiot à devenir joue également un rôle non-négligeable. Une chienne gestante subissant beaucoup de stress au cours de sa grossesse aura davantage de chance de mettre au monde des chiots ayant une faible résistance au stress. En d’autres mots, les chiots issus d’une telle portée auront davantage de difficultés à se remettre de leurs émotions, à retrouver leur calme, lors de situations stressantes ou lorsqu’ils sont effrayés. C’est pourquoi il est toujours conseillé de voir les “parents” ainsi que l’environnement dans lequel ils vivent avant d’adopter un chiot. Par exemple, les usines à chiots sont très stressantes pour les chiennes gestantes. Il est fréquent que les chiots qui en proviennent soient anxieux.

Crédit photo : (1) : https://windsor.ctvnews.ca/woman-accused-of-operating-puppy-mill-in-court-today-1.3068192 (2) https://www.rollingstone.com/culture/culture-features/the-dog-factory-inside-the-sickening-world-of-puppy-mills-112161/

  • Le comportement de la mère, au cours des premières semaines de vie du chiot, peut également avoir une influence sur le comportement du chiot. Les chiots peuvent par imitation développer les mêmes comportements craintifs de la mère.

  • Le manque de socialisation, principalement au cours des premiers mois de vie du chiot, mène à former des chiens adultes généralement plus craintifs. La peur des étrangers pourrait être observée chez le chien qui n’a pas côtoyé et vécu suffisamment d’expériences positives avec divers humains; de toutes nationalités, âges, sexes, grandeurs, grosseurs, uniformes, odeurs, etc… À partir de l’âge de 4 mois, « les nouveaux stimulus sont plus susceptibles d'induire de la peur chez les chiots. C’est un processus naturel de développement qui se produit chez de nombreuses espèces » (4). C'est un mécanisme de survie de base : « Si je ne l'ai pas vu auparavant, je devrais avoir peur parce que ça pourrait me manger. » (4). Tout comme la peur de l’inconnu induite chez l’humain : la peur de mourir - thanatophobie, la peur des extra-terrestres, la peur des fantômes, etc.

  • Un événement isolé et traumatisant pour le chien, lié à un seul inconnu, peut également être la cause ayant mené un chien à développer une peur de tous les étrangers. Par exemple, vous marchez dans la rue avec votre chien lorsque subitement, vous entendez une détonation. Votre chien sursaute et tente de s’enfuir, mais aperçoit derrière lui un homme faisant du jogging et se dirigeant rapidement vers vous. Il n’en faudra pas plus pour que votre chien associe la détonation l’ayant effrayé, au fait de se faire poursuivre par un coureur, et ce, même s’il n’est pas responsable de ce bruit. Votre chien pourrait à présent réagir chaque fois qu’il observe un coureur courir dans sa direction.


Les solutions :

Les chiens réagissent différemment face à la menace. Certains ont tendance à fuir alors que d’autres sont plus proactif et ont tendance à charger la menace ou japper contre celle-ci. Cependant, ces deux mécanismes de défenses ont pour même objectif d’augmenter la distance les séparant de ce qui leur font peur. De ce fait, si votre chien se montre craintif face un individu, la meilleure solution est d’ajouter de la distance entre votre chien et la personne en question.

Apprendre à un chien à aimer les étrangers peut s’avérer être un processus long et ardu. Il est tout d’abord important de gérer l’environnement du chien. Cela signifie que vous devez éviter que votre chien se retrouve en présence d’étrangers, à une distance en-dessous de celle qu’il considère sécuritaire (la limite déterminée par l’absence de signes de peur chez votre chien en présence d’étrangers). Par la suite, tentez de créer une association positive avec les étrangers à l’aide de récompenses tout en demeurant à une distance sécuritaire. Par exemple, jouer à la balle avec son chien alors qu’un étranger se trouve à plus de 20 mètres, ou encore, lui donner une fabuleuse gâterie chaque fois qu’il voit un individu au loin. Finalement, vous pourrez réduire graduellement la distance qui sépare votre chien des étrangers.


Contrairement à la pensée populaire, forcer un chien à côtoyer des étrangers, malgré sa peur évidente de ceux-ci, ne fera pas nécessairement en sorte que le chien s’y habitue. Par exemple, un chien qui a peur des hommes et qui est forcé d’en côtoyer régulièrement, et ce à diverses distances ou contextes, pourrait finir par ne plus supporter cette situation. Ce chien devient donc une bombe à retardement et pourrait mordre à tout moment le prochain homme qui tente de le toucher.




3) Difficultés au niveau des manipulations


Pour les humains, enlacer un autre individu dans ses bras est chose commune. C’est une façon de démontrer notre affection aux autres. Cependant, chez les chiens il en est autrement. Contrairement à ce que l’on peut croire, les chiens n’aiment pas nécessairement tous se faire caresser, toucher ou prendre. Un chien ayant été forcé lors de manipulations, que ce soit pour se faire toiletter ou caresser, pour effectuer des soins vétérinaires, pour se faire prendre, ou encore pour mettre son harnais ou collier, peut développer une aversion envers celles-ci. Un chien qui refuse de se faire toucher alors que vous persistez, risque éventuellement de vous le faire savoir clairement. C’est-à-dire avec ses dents!



Les solutions :

Que ce soit pour combler notre besoin de câliner, ou encore pour prodiguer des soins à notre animal, il est de notre devoir d’apprendre à notre chien à aimer se faire manipuler.

Comment faire pour que notre chien apprécie ces manipulations et ainsi éviter des problèmes futurs? Il faut rendre ces diverses expériences positives, en lui démontrant que c’est avantageux pour lui de se laisser faire. On prépare de délicieuses récompenses qui seront données pendant et/ou après chaque manipulation. Ce qu’on recherche durant les manipulations, c’est un chien enjoué, qui en redemande! S’il évite vos mains ou s’il les mordille, c’est que vous êtes probablement allés trop loin, trop rapidement dans le processus. Recommencer alors avec un exercice plus facile. La même méthode s’applique envers un chien ayant déjà développé une aversion ou une crainte face à une manipulation quelconque.




4) La génétique


Certains chiens naissent avec une prédisposition génétique à aimer se bagarrer ou à être plus prompt (10). Toutefois, bien que la génétique puisse être en partie responsable de l’agressivité d’un chien, les études et recherches scientifiques ne permettent pas de conclure qu’il existe un gène de l’agressivité et que l’on peut retrouver celui-ci chez certaines races spécifiques. En l’absence de preuve à cet effet, nous croyons que le bannissement de races (chiens de type pitbull, Rottweiler ou autre) est non seulement inutile mais donne un faux sentiment de sécurité à la population. Cela étant dit, il est reconnu que la reproduction sélective de chiens ayant des comportements agressifs peut amener à la création d’une lignée de chiens ayant ce trait. C’est d’ailleurs de cette façon que certaines caractéristiques ont été reproduites afin de créer des lignées de chien de combat, de chien de travail ou avec des habiletés particulières comme les chiens de chasse (Golden Retrievers, Braque, Beagle, Hounds…). Cependant, on doit noter que même avec la reproduction sélective, tous les chiens d’une même portée n’auront pas nécessairement la caractéristique recherchée.


Au final, ce qui est important de savoir est que tous les chiens ont un potentiel de morsures, puisque ce sont des animaux. Également, la génétique d’un chien pris en considération avec l’environnement dans lequel il est né et dans lequel il a grandi, ainsi que la façon dont il a été éduqué, est en lien avec son comportement futur.


Pour ceux et celles qui s'intéressent à la génétique du chien, voici un exemple :


Crédit vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=J-sUGbwAxDk



5) L'agression redirigée


L’agression redirigée chez le chien se produit lorsqu’une cible est inaccessible ou lorsque le chien est surpris. Le chien redirige alors son comportement, soit une morsure vers une cible plus près et accessible.

En effet, « plusieurs recherches sur une variété d’animaux ont démontrées qu’un sentiment de frustration chez le chien peut causer l’agression » (9). Prenons l’exemple d’un chien sociable en laisse qui en croise un autre sur la rue. Le chien sociable aimerait bien aller voir l’autre chien, mais cela lui est impossible. Il jappe et saute, tout en faisant quelques appels au jeu, mais vous le retenez et poursuivez votre chemin. Le chien se frustre et se met à mordre et à secouer intensément sa laisse. Il redirige sa frustration, de ne pas avoir pu rencontrer ou jouer avec l’autre chien, en mordant sa laisse. Il est possible que si vous intervenez afin de séparer deux chiens lors d’une bagarre, qu’un des chiens redirige son attaque sur vous. Dans ce cas, les dommages encourus seront directement reliés à l’intensité du chien.

Crédit photo : http://denalithedog.com/blog/2016/03/14/dog-pulling-leash/


Les solutions :

Les morsures infligées lors d’une agression redirigée sont inévitables en soi puisqu’elles constituent en un réflexe. Le chien ne se rend pas compte qu’il vient de mordre son propre maître (1). La première chose à faire est de donner de la distance entre le chien et la source de frustration ou la cible d’agression. En augmentant la distance, vous permettez au chien de retrouver son calme puisque l’élément déclencheur est éloigné. Il est également possible d’augmenter le seuil de tolérance du chien face à la frustration par exemple en pratiquant des exercices d’auto-contrôle quotidiennement.



6. La prédation


La prédation est un comportement de chasse visant généralement à tuer une proie pour se nourrir. Le chien doit cependant affiner l'apprentissage de ce comportement pour y exceller. Il est nécessaire à sa survie lorsque le chien est sauvage. Un peu inutile pour un chien domestiqué, la prédation se transpose plutôt dans la poursuite d'une balle qui roule, d'un frisbee qui vole, d’un écureuil qui court, etc. (1). Plus la chasse est fructueuse, plus elle est efficace. C'est un comportement dit auto renforcé (1).


Le patron moteur de la prédation se découpe en plusieurs parties:


1. S’orienter vers la proie suite à l’avoir entendue ou vue.

2. Fixer la proie et donc figer.

3. Poursuivre la proie, soit en l’approchant lentement de façon stratégique ou en courant.

4. Attraper la proie. La chaîne comportementale s’arrête généralement ici pour les chiens domestiques. Toutefois, certains vont jusqu’à l’agripper farouchement en bouche et la secouer.

5. Mordre la proie pour l’agripper farouchement.

6. Secouer la proie, tel que le font plusieurs chiens avec leur jouet.

7. Tuer la proie.

8. Manger la proie.


Les contextes qui déclenchent la séquence des comportements de chasse - depuis la fixation jusqu’à l’attaque - sont extrêmement variés et parfois peu prévisibles (1). On note entre autres, le mouvement rapide (un écureuil qui court), un animal qui émet un son très aigüe semblable à celui d’une proie qui a peur. Il est important de savoir que ce n’est pas parce qu’un chien fait de la prédation sur les écureuils ou les chats qu’il va en faire sur les humains.



Les solutions :

Lorsque votre chien est à distance, que ce soit en laisse ou hors laisse, il faut pouvoir interrompre la poursuite. Pour ce faire, on peut recourir au contre-conditionnement, c’est-à-dire, apprendre au chien un comportement alternatif, un autre choix comportemental. Par exemple, apprendre à votre chien à s’asseoir lorsqu’il aperçoit un écureuil. Apprendre préalablement à votre chien un « rappel » à toutes épreuves est selon nous primordial et extrêmement utile. Vous devez surveiller votre chien fréquemment afin d’y être attentif et de pouvoir observer à quel moment particulier il entrera dans cette séquence. Vous pouvez également simuler ces moments à l’aide de jouets (une balle en mouvement par exemple) et lui apprendre à se contrôler lorsqu’en laisse. C’est un exercice d’autocontrôle simple et facile à réaliser.




Pour conclure, plusieurs facteurs peuvent expliquer les raisons qui poussent à un chien à mordre. Dans tous les cas, une bonne gestion de l’environnement du chien est cruciale lorsque l’on veut prévenir les incidents. Votre chien fait de la protection de ressources? Donnez-lui de l’espace en présence de son précieux. Votre chien à peur des étrangers? Respecter ses signaux et garder une distance sécuritaire entre lui et les autres. Votre chien n’aime pas se faire manipuler? Introduisez-le à la muselière ou ne le manipulez pas jusqu’à ce qu’il y soit désensibilisé. Votre chien est un chasseur né? Assurez-vous qu’il soit toujours en laisse. Votre chien côtoie des enfants? Supervisez toujours les interactions. Simplement en gérant l’environnement de votre chien, il vous est possible de diminuer les risques d’incidents pouvant mener à une morsure. Toutefois, notez que la gestion de l’environnement ne règle pas les problèmes de comportements et/ou l’inconfort ressenti par votre chien.


En cas de doute, nous vous conseillons fortement de faire appel à un intervenant ou éducateur canin qualifié afin qu’il vous guide judicieusement tout au long du processus d'entraînement. La profession n’étant pas réglementée, préconisez un professionnel utilisant les techniques en renforcement positif, donc sans intimidation, crainte, peur et douleur. C’est une question de sécurité!


Véronique Chantal & Chrystel Leduc

Centre Éducatif Le Chien Futé Éducation canine aux pieds




RÉFÉRENCES :


  1. Joël Dehasse, 2009.Tout sur la psychologie du chien. Odile Jacob, Paris, 513 pages.

  2. Joël Dehasse, 2008. Le chien agressif : Gestion du chien agressif en clientèle. i’M éditions, Bruxelles, 347 pages.

  3. Jean Donaldson, 2002. Mine : A practical guide to resource guarding in dogs. United States of America, 102 pages.

  4. Martin K.M. & Martin D., 2011. Puppy Start Right : Foundation training for the companion dog. Karen Pryor Clicker Book, p.27.

  5. Jean Donaldson, 2008. Oh Behave! Dogs from Pavlov to Premack to Pinker. Dogwise Publishing, p.159.

  6. Jacobs J.A., Pearl D.L., Coe J.B., Widowski T.M. & Niel L., 2017. Ability of owners to identify resource guarding behaviour in the domestic dog. Applied animal behavior science, 188, 77-83. Repéré à : https://about.illinoisstate.edu/vfdouga/Documents/331/PDF/Jacobs%20%202017%20ability%20of%20owners%20to%20identify%20resource%20guarding%20behaivor%20in%20the%20domestic%20dog.pdf

  7. De Keuster, Tiny, and Hildegard Jung. 2009. Aggression Toward Familiar People and Animals. In BSAVA Manual of Canine and Feline Behavioural Medicine, ed. Debra Horwitz and Daniel Mills, 182–210. 2nd ed. Gloucester, UK: British Small Animal Veterinary Association (BSAVA).

  8. Sondage national de Kynetec Canada réalisé pour l’institut canadien de la santé animale (ICSA). Repéré à: https://www.journaldemontreal.com/2019/02/16/de-plus-en-plus-danimaux-de-compagnie-au-pays

  9. Jean Donaldson, 2008. Oh Behave! Dogs from Pavlov to Premack to Pinker. Dogwise Publishing, p.99.

  10. Jean Donaldson, 2004. Fight! A Practical Guide to the Treatment of Dog-Dog Aggression. Dogwise Publishing; 1 édition, p.20.

  11. AMVQ (2019). Les morsures canines préoccupent l’AMVQ. Repéré à : https://www.amvq.quebec/fr/nouvelles/les-morsures-canines-preoccupent-l-amvq

  12. Godbout M., Palestrini C., Beauchamp G., Frank D. 2007. Puppy behavior at the veterinary clinic: A pilot study. Journal of Veterinary Behavior, 2, 126-135.

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