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L'importance de la socialisation dans le développement cognitif et social du chiot


Photo par Kim Bergeron

On me demande souvent « mon chiot est-il trop jeune pour commencer des cours d’obéissance? », « À quel âge devrait-on commencer les cours d’obéissance? », etc. En fait il faut savoir qu’à la naissance, tous les neurones du chiot sont présents, mais qu’il s’en suivra une réorganisation et un perfectionnement de celles-ci avec l’âge sous l’influence de l’environnement du chiot. Je vous parle donc aujourd’hui du développement cognitif de votre chien, celui-ci étant directement lié à son développement comportemental.


Le chiot vit d’abord les périodes prénatale, néonatale, transitionnelle et de socialisation. Puis, plus tard viendront les périodes prépubertaires, pubertaires et enfin l’âge adulte.



1. La période prénatale :

l’environnement a déjà un effet sur le chiot au cours de cette périodepériode où il y a échange d’informations entre la mère et le fœtus. Le Dr Overall a su démontrer que : le stress causé par l'environnement chez les femelles gestantes aurait un effet sur le cerveau du chiot. En fait, le stress transmis chez le chiot affecterait son apprentissage cognitif à différents niveaux. Il a également été démontré que de douces et appuyées palpations des cornes utérines de la femelle gestante influencent la sensibilité tactile et augmente la tolérance aux manipulations des chiots après leur naissance. Il est donc recommandé de choisir un élevage où le moins de situations stressantes possible pourront être causées aux femelles testantes et aux chiots, et où les femelles ne sont pas de nature anxieuse.



2. La période néonatale :

période s’étendant de la naissance à l’ouverture des yeux (10-16jours). L’ordre du jour : se nourrir et dormir. Encore une fois des stress intenses et répétés peu après la naissance peuvent avoir des conséquences néfastes sur le comportement futur du chien ainsi que sur son émotivité. Toutefois, de légers stress tels que la lumière, des sons, de faibles manipulations humaines et des différences de températures pourront être bénéfiques puisqu’ils favorisent le développement du cerveau. En étant régulièrement stimulés au cours de leur développement, les chiots acquièrent davantage de stabilité émotionnelle, c’est-à-dire qu’ils réagiront donc plus calmement aux nouveautés au cours de leur croissance.



3. La période de transition :

dernière étape de développement du cortex cérébral, cette période s’achève à l’apparition du réflexe de sursautement (18-21 jours). Le chiot acquiert une vision, se déplace désormais debout en flairant, en s’orientant et en léchant et commence à explorer son environnement : congénères, jouets, odeurs, autres animaux, hommes, etc.



4. La période de socialisation :

période la plus complexe qui s’étend de la 3e à la 12e semaine. Le chiot est maintenant prêt à explorer complètement son environnement et enregistrera tous stimuli, c’est-à-dire toutes rencontres avec un objet animé ou inanimé, une personne, un nouveau son, etc., et mettra en place une « base de données » interne de ce qu’il a aimé versus ce qu’il n’a pas aimé. Tout ce qu’il n’aura pas connu, toutes stimulations non rencontrées étant jeunes auront un effet sur son comportement futur. Par conséquent, pendant cette phase de socialisation, il est important de fournir au chiot un milieu de vie riche en stimuli variés (auditifs, visuels, olfactifs, physiques et au goûté). Un chiot ayant vécu dans un milieu pauvre en stimuli deviendra fort probablement craintif: il aura des réactions émotionnelles excessives vis-à-vis des stimulations extérieures dès qu’il sera confronté à un environnement plus riche et plus stimulant qu’il n’a jamais connu en réalité.


Par exemple, le Dr Joël Dehasse énonce que dans 70% des cas, la socialisation à l’être humain est insuffisante, le chiot n’ayant pas pu interagir socialement de façon continue avec 7 types humains différents. Ces chiots auront fréquemment peur des enfants, des adolescents, des hommes, des personnes de couleur (leur peau sécrétant une odeur différente), des personnes avec une canne, des personnes avec un chapeau et des personnes à mouvements saccadés telles que les personnes âgées avec instabilité motrice. La socialisation est donc imparfaite et le chien démontre des réactions de peur (fuite immobilisation ou agression de distancement et de peur) ou de prédation. Offrez donc à votre chien des expériences positives avec des individus aux caractéristiques variés et entretenez-les régulièrement afin d’éviter une désocialisation.


Avec la période de socialisation vient également la fin du sevrage (6 à 7 semaines) suivi d’une période d’intégration dans le groupe où les chiots devront apprendre à communiquer avec les membres et à en respecter les règles. La mère, les frères, les soeurs et les autres congénères aideront tous à l’apprentissage de la communication et des autocontrôles du chiot. 1) le jeu a une importance capitale dans la communication : il permet aux chiots d’augmenter leur coordination motrice et leur habileté, et ensuite de pratiquer les postures, les attitudes et les vocalises typiques de leur espèce qu’ils pourront affiner en fonction de la réaction des autres individus. 2) La présence d’un adulte régulateur (chien ou humain) est capitale afin que le chiot acquière ses autocontrôles. Un chiot laissé à lui-même deviendra fort probablement un chien plus brutal, toujours en mouvement et excité par la moindre stimulation, qui peut mordre sans contrôle et faire mal.


Au cours de cette période, le chiot apprendra également qu’il appartient à l’espèce « chien »: il reconnaît et mémorise à travers les caractéristiques de sa mère, celles qui lui sont propres et qui lui permettront d’identifier les membres de son espèce, quels qu’ils soient. Il est tout de même recommandé de mettre le chiot en contact avec des chiens de taille et de morphologie différentes notamment des chiens appartenant à des races ayant une face peu expressive (Bulldog, Bull terrier, Shar-Pei…) afin de prévenir d’éventuelles difficultés de communication.



5. La période prépubertaire et pubertaire :

cette phase correspond à l’adolescence du chien. C’est à cette période que le chien commence à remettre en question vos décisions, vos commandements et vos règlements. Ils deviennent de plus en plus autonomes et se détachent tranquillement. De là l’importance d’avoir fait reconnaître votre autorité et de la maintenir avec constance, positivisme et calme.




Pour finir, le chiot vivra plusieurs périodes critiques de développement cognitif, émotionnel et comportemental, lesquelles nous devons respecter et pouvons contrôler positivement. Le choix de votre chien est capital, puisque l’environnement dans lequel naîtra votre chiot aura un impact sur sa vie. Prenez donc le temps de bien choisir votre éleveur et d’analyser l’environnement d'élevage des chiens. Posez-vous les questions suivantes et n'hésitez pas à les poser à votre l'éleveur :

  • les chiens (mâles et femelles) semblent-ils heureux? Ou, au contraire, semblent-ils anxieux, craintifs? Semblent-ils en santé, énergiques, explorateurs, etc.?

  • L’environnement d’élevage est-il stimulant? Les chiots auront-ils connu l’extérieur et l’intérieur? Auront-ils vu et été manipulés par plusieurs personnes (enfants, adolescents, adultes, âgées)? Auront-ils entendu plusieurs bruits (de la campagne s’ils sont en ville et de la ville s’ils sont en campagnes) et vu à quoi ces bruits se rattachent? En bref, auront-ils été amenés à voir autre chose que les 4 murs de l’appartement?

  • Le chiot restera-t-il en contact avec la mère, ainsi qu’avec ses frères et soeurs et d’autres congénères, du moins jusqu'au sevrage?

  • L’éleveur travaille-t-il en renforcement positif avec ses chiens? Essaient-ils que les rencontres avec des objets animés ou inanimés, des personnes, etc. soient toujours positives (au maximum)?


À éviter :

  • Les élevages qui ne vous permettent pas de voir les chiots, ni les parents, ni le lieu de couchage des chiots. Pouvoir voir les parents vous donne une bonne idée du comportement et de l’état de santé futur de votre chien.

  • Les lieux qui semblent insalubres.

  • Les élevages qui semblent sous-stimulants.



Alors ! Quand peut-on commencer les cours d’obéissance avec notre chiot? Les cours peuvent débuter en bas âge, puisque les chiots en ont les capacités cognitives. Il en demeure toutefois qu’il faut respecter leur faible niveau de concentration à cet âge et leur facilité à se distraire. Il est bien de commencer avec une bonne base en socialisation tout en créant un lien étroit de confiance entre vous et votre chiot. Amenez-le partout avec vous, faites-lui connaître ce que la vie a à donner, et ce, de façon positive. Faites-lui connaître des cours de maternelle et socialisation et débuter tranquillement l’obéissance du « viens, assis, couché, reste, etc. ».

Véronique Chantal

M.Sc. Spécialiste en comportement animal

Centre Éducatif Le Chien Futé

DEHASSE J. (2010) Tout sur la psychologie du chien. Odile Jacob.

DELMAR M. (2005) Thèse pour le diplôme d'État de Docteur Vétérinaire : "le chien d'agility : critère de choix, éducation, dressage. École Nationale vétérinaire de Nantes. 137p.

PARIS T. (1996) Le développement et l’éducation du chiot. Rec. Méd. vét. 172 (9/10) : 531- 541

SEKSEL K., MAZURSKI E. J., TAYLOR A. (1999) Puppy socialization programs: short and long term behavioural effects. Appl. anim. Behav. Sci. 62 (4) : 335-349

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