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La réactivité canine et sa gestion

Un sujet qui revient souvent en thérapie comportementale : la réactivité/agressivité canine. Soyons honnêtes, la plupart d’entre nous ont déjà eu une incertitude à ce sujet lorsque toutou a montré les dents, grogné, jappé, hérissé tous les poils de son corps, etc., que ce soit en jouant ou dans toute autre situation.


Une chose est certaine, ces actions ne veulent pas nécessairement dire que votre chien est agressif avec un grand « A ». Si votre chien n’émet pas ces signaux d’avertissements lorsqu’inconfortable ou apeuré, la morsure sera presque inévitable. La réactivité canine est un comportement intentionnel chez un individu, soit une forte réaction, souvent exagérée lorsqu’il fait face à un stimulus (un autre individu, un homme, quelque chose qui l’effraie, etc.). Les causes sont multiples : la peur, la frustration, la prédation, l’adolescence, la maternité, la compétition, la douleur, et bien d’autres.



1) La peur/anxiété est l’une des causes principales des cas d’agressivité entre chiens et est due soit à la génétique du chien, à son bas niveau de socialisation ou à la création de mauvaises associations.


Par exemple, un chien mal socialisé, n’ayant jamais ou rarement vu de compagnon canin au cours des premières semaines de sa vie, aura très certainement peur du grand molosse qui arrive à toute vitesse vers lui pour jouer. N’ayant pas ou peu rencontré de chiens au cours de sa vie, ce premier ne comprendra pas bien le langage canin et donc les appels aux jeux de son compagnon. Ainsi, par peur et dans l’espoir que le gros molosse le laisse tranquille, votre chien pourrait grogner, japper, ou même mordre, surtout s’il est en laisse! Un chien en laisse ne peut fuir et aura recours à une autre méthode de défense telle que faire face (attaquer/intimider). Le grand molosse sera probablement éloigné de votre chien par son maître et le vôtre s’en sera sorti « vainqueur » avec l’idée qu’il a réussi à faire fuir le « monstre » grâce à ses jappements ou grognements. C’est ainsi que votre chien aura appris qu’il doit intimider pour faire disparaître ce qui lui fait peur, dans ce cas les autres chiens, et qu’il recommencera donc à chaque fois (Yeaaahhhh ! ;)).

De là l’importance de bien socialiser votre chien, ou du moins, faire en sorte que les rencontres qu’il vivra demeureront POSITIVES* sans que votre chien ne tire sur la laisse en grognant ou jappant contre celui que vous croiserez dans la rue.


En tant que maître, nous effectuons souvent des actes, qui sans même s’en rendre compte font en sorte que notre copain canin crée des associations négatives dans sa tête. Par exemple, vous êtes en promenade, votre chien a peur d’un autre chien que vous venez de croiser dans la rue puisqu’il est très gros et opte pour une position confiante et menaçante (oreilles dressées, queue haute, torse bombé, etc.). Ayant peur, votre chien tentera soit de fuir ou d’intimider, et votre réaction sera de donner de petits coups sur la laisse pour le retenir et le faire revenir près de vous. À chaque fois que vous croisez un autre chien, c’est la même histoire qui se répète dans la tête de votre chien : « J’aperçois un autre chien, maman se fâche, quelque chose m’égorge légèrement et je me fais punir verbalement » - la venue d’un autre chien = des ennuis pour moi! Une association négative est vite créée et donc votre chien réagira de plus en plus rapidement et de plus en plus loin à la vue d’un autre chien dans la rue. La punition, qu’elle soit physique ou verbale (ex. : crier), augmente les réactions agressives ainsi que les risques d’agression redirigée (souvent vers le maître) et diminue le seuil de tolérance ainsi que les capacités d’apprentissage du chien.


Avant de faire face à cette situation, sachez reconnaître les signes que votre chien vous donne. Un chien apeuré aura généralement une position basse, avec le bas du dos arrondi, les oreilles collées au crâne, la queue basse, il pourrait avoir une patte levée du sol, détourner le regard de son adversaire, etc. Si votre chien a peur et semble réagir à celle-ci, ne demeurez pas dans cette situation. Plus il est face à la situation, plus il apprendra à réagir d’une façon non désirable. Changez de trottoir, quittez le parc à chien, amenez-le à vous regarder, éloignez-vous, etc.



2) La frustration et la prédation sont d’autres causes menant à la réactivité chez le chien et sont dues soit à la génétique du chien, à un manque de socialisation ou au manque d’autocontrôles. Ce sont généralement des chiens qui cherchent les contacts sociaux, mais qui éprouvent des difficultés dues à leur approche cavalière, leur impolitesse et/ou leur mauvaise communication. Ainsi ces chiens se font généralement repousser par les autres, créant avec le temps de la frustration, de la réactivité et finalement de la peur.


La frustration peut être beaucoup plus simple. Ex. : votre chien jappe, car frustré de ne pouvoir atteindre sa balle qui a roulé sous le divan. Notre premier réflexe sera d’aller lui donner pour cesser ses jappements. Toutefois dans ce cas-ci, sans même vous en rendre compte, au lieu de lui apprendre à se contrôler, vous lui apprenez à réagir et se frustrer pour recevoir sa balle. Même chose lorsque vous jouez à lui lancer la balle. Dans l’attente, votre chien s’excite et se frustre (il saute, jappe, s’élance sur vous…), puisque vous prenez trop de temps à la lui relancer. Pourquoi le récompenser d’agir de la sorte? Pourquoi ne pas plutôt attendre qu’il se calme et s’assoit sagement devant vous pour lui lancer la balle? Le contre-conditionnement est très utile pour ce genre de situation. Même situation lorsque vous arrivez au parc à chien. À la vue du parc, votre chien tire en laisse et se met à japper et sauter dans tous les sens, car vous n’avancez pas assez vite. Vous devez apprendre à votre chien que vous n’avancerez pas vers le parc, tant qu’il n’aura pas une attitude respectable (allez lire sur la méthode de Prémack[1]).


Les chiens qui font de la prédation, c’est–à-dire qu’ils observent et poursuivent dans le but d’attraper une « proie », ne le font pas pour tuer et se nourrir de l’animal tel que le font les loups. C’est le même patron moteur (acquérir de la nourriture) qui s’est vu modifié avec le temps chez le chien et qui entraîne un besoin, une envie à laquelle il ne peut que succomber, d’attraper quelque chose/quelqu’un en mouvement (ex. : vos mollets, ils en raffolent!). Les chiens n’ayant pas appris qu’est-ce qu’un ami (un chien, un chat) versus qu’est-ce qu’une proie (un toutou, un écureuil) au cours de leur socialisation ou n’ayant pas d’autocontrôles auront tendance à faire davantage de prédation sur tout et à se frustrer s’ils n’atteignent pas leur cible. De là l’importance d’apprendre à votre chien d’exercer la prédation sur des cibles particulières sous commandement (ex. : le jeu du Tug[2]; ou le flirt pole[3]) afin d’assouvir leur besoin.



Que faire pour bien gérer la situation?

Quand le chien a mal ou a peur ou quand il ne veut pas se lever du divan, mais qu’on l’y oblige, son agression peut être compréhensible. Ne vous est-il jamais arrivé de vous plaindre et de maugréer lorsque vous venez tout juste de vous installer confortablement et que votre femme ou votre mari vous demande d’aller sortir les poubelles? Même chose pour notre compagnon, qui vient tout juste de s’assouvir confortablement et pour lequel on demande d’aller se coucher au sol. Pas très intéressant tout ça… L’agression n’est pas pour autant acceptable. Pour la gérer de façon efficace il faut 1) éliminer la cause de l’émotion (peur, douleur, motivation) et 2) changer l’émotion du chien (de grognon à joyeux). Proposer un jeu ou une séance d’obéissance avec récompense est généralement très efficace. Ex. : descends du divan pour aller sur ta couverture en échange d’une gâterie! Votre chien a grogné suite à votre demande de descendre? Ne vous frustrez pas, refusez d’entrer dans cette spirale d’agression, retournez-vous, éloignez-vous et proposez-lui une distraction plaisante telle que jouer à la balle 2 mètres plus loin du divan.


L’agression devient parfois un réflexe (n’approche surtout pas de mon os grrrr! / un chien = j’attaque!). Il est fort utile d’utiliser dans ce cas le contre-conditionnement, c’est-à-dire de proposer à votre chien un comportement alternatif, positif et motivant. Ne serait-il pas l’idéal si votre chien détournait le regard vers vous à la vue ou l’arrivée d’un autre chien? Il est effectivement possible de proposer et d’apprendre à votre chien réactif de vous regarder lorsqu’il aperçoit un autre chien, plutôt que de l’intimider. Le tout début par un exercice de tension sur la laisse : apprendre au chien que s’il y a une tension sur la laisse, il doit revenir vers nous. Pourquoi ça? Puisque les chiens réactifs lorsqu’en laisse auront tendance à se rendre jusqu’au bout de leur laisse, charger et exploser face à ce qui le dérange.

1) Créez une petite tension sur la laisse

2) Dès que le chien fait une action volontaire pour relâcher la tension, énoncez votre marqueur de récompense (Yes! Bon Chien! Good Boy!) et récompensez-le.

3) Pratiquez cet exercice tout d’abord seul avec votre chien, puis en présence d’autres chiens, par exemple lors de la promenade.


Je vous invite à allez visionner ce court vidéo pour en savoir plus !


Évidemment, un protocole de désensibilisation plus complexe est nécessaire pour les chiens ayant un gros problème de réactivité.




Centre Éducatif Le Chien Futé

par Véronique Chantal

M.Sc. Spécialiste en comportement animal

Poursuivez votre lecture :




[1] https://www.facebook.com/Canissence/videos/798494513625969/

[2] http://www.demaindemaitre.ca/jouer-tirer-corde-chien/

[3] https://notesfromadogwalker.com/2012/04/24/flirt-pole/

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